C’est pour rendre grâce à l’olivier que j’ai voulu cette Université. Médecin de vocation mais paysan dans l’âme, le Dr Maurice Folcher, aujourd’hui à la retraite, n’imagine pas sa vie sans l’olivier. J’ai toujours connu l’huile et l’olivier. Depuis mon enfance, sur cette terre de Chassagnes, proche des Vans, où je vis encore. Mes parents étaient paysans. C’était un bonheur mais aussi une nécessité vitale de récolter notre huile. Alors, depuis plus de soixante ans, un peu de lui appartient à cet arbre. Ce que je préfère dans l’olivier, c’est sa façon de remercier celui qui s’en occupe. Travaille mon pied et je mettrai de l’huile dans tes biens, dit un proverbe du patois occitan. Et c’est vrai. Dès que vous vous occupez d’un olivier, il vous le rend. Ce n’est pas un ingrat. J’ai quelques oliviers environ 800 répartis sur trois hectares pas tous en production car beaucoup ont gelé en 56. Mais depuis vingt ans, je remets en état les olivettes de mes ancêtres, abandonnées après le gel.
Remettre en état, c’est d’abord reconstruire les murets effondrés, colmater les brèches, remonter la terre. Opérant le plus souvent à mains nues, le docteur remue des blocs rocheux lourds parfois de cent kilos
Puis, au gré des saisons, il taille (sans amputer) et greffe (sans rejet ou presque
). J’aime beaucoup la taille de l’olivier. Je m’efforce d’écouter l’arbre pour le rendre harmonieux dans son milieu naturel. Ce ne sont pas des critères de production ou des impératifs de rendement, c’est lui seul qui décide des branches à émonder. La greffe aussi me plaît, car c’est un peu de la chirurgie... J’en profite pour remercier Henri Vendran [cf article ci-après] qui, depuis des années, me permet de greffer des variétés ardéchoises anciennes, des espèces menacées qui sinon disparaîtraient de notre patrimoine. A eux deux, ils ont ainsi aménagé un petit conservatoire dans l’olivette qui domine la plaine de Chassagnes. Une olivette en pleine santé.
Maurice Folcher : folcher.maurice@wanadoo.fr