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POLLINISATION ET FECONDATION DES FLEURS D'OLIVIER
Description de la fleur de l'olivier:
La fleur de l’olivier est issue des inflorescences venant des bourgeons axillaires situés à l’aisselle d’une feuille d’un rameau de l’année précédente. Elle est petite, 3 à 6 mm à peine.
Elle se compose de quatre sépales soudés formant un calice et de quatre pétales blanc soudés aussi à leur base. Deux étamines à filets courts comportant deux anthères volumineuses (plus de 2 mm) surmontent la fleur et contiennent le pollen : c’est l’organe mâle de la fleur.
Au centre, le pistil est l'organe femelle de la fleur. Il est constitué d’un stigmate bifide au sommet, d’un style court et de deux carpelles soudés en un ovaire biloculaire.
Chaque ovaire est composé de deux loges de deux ovules chacune. Il s’agit donc bien d’une fleur hermaphrodite où l’appareil mâle (étamines) et la partie femelle (pistil) se trouvent à quelques millimètres les uns des autres. Vu la proximité des appareils reproducteurs et la quantité incroyable de fleurs par inflorescence et par arbre, on pourrait croire que la fécondation sera facile. Il n'en est rien.
Plusieurs obstacles peuvent se mettre en travers : certaines fleurs sont exclusivement mâles – dites staminées – , le pistil ayant avorté précocement ; chez d’autres, les anthères ne libèrent pas le pollen, elles sont alors mâles stériles et ne peuvent assurer la fécondation. Le maximum de fleurs fécondées par arbre se situe entre 5 et 10%, chiffre nécessaire et suffisant à la production.
Le pollen est l’acteur principal La production de pollen est phénoménale, jusqu’à 8 millions de grains par inflorescence. Ils sont petits (20 microns), trilobés. Il peut y avoir 10 000 grains par m3 au cours de la floraison. Le pollen avec ses 11 allergènes contenus dans une protéine de surface peut être désagréable pour l’homme, susceptible de lui provoquer des conjonctivites, rhinites, troubles respiratoires, asthme parfois sévère.
Le pollen voyage au gré du vent sur de très longues distance (anémophile). Les insectes pollinisateurs ne sont pas nécessaires dans un verger d’oliviers, les grains étant si petits que même les abeilles ont du mal à les récolter. Très sensible aux conditions climatiques, le pollen vit mieux en atmosphère humide mais voyage moins bien, il meurt rapidement par temps très sec et très chaud.
Pour qu’il y ait fécondation et formation d’une olive, le pollen libéré par les étamines doit atteindre le stigmate du pistil de la fleur à féconder puis germer. Pour y parvenir, le tube pollinique doit descendre dans le style jusqu’à l’ovaire et ses quatre ovules. Un seul sera fécondé. La longévité de la réceptivité des ovules détermine la quantité d'embryons en formation.
À quelques rares exceptions, le pollen d’une variété ne peut pas féconder les ovules de la même espèce. Il ne peut pas « s'auto-féconder », on dit qu’il existe une auto incompatibilité pollinique. Il faut donc trouver des variétés pollinisatrices compatibles pour que le pollen puisse germer sur le stigmate du pistil. Et il est indispensable que la floraison se fasse en même temps et qu’il y ait concordance des cycles. Effectuer une plantation d'oliviers nécessite pour ces raisons beaucoup de réflexion et d’anticipation.
QUI FAIT QUOI?
L’ovaire fait génétiquement partie intégrante du patrimoine de l’arbre, c’est la chair de la future olive. Toutes les olives de l’arbre ont une « mère » commune et donc des ovaires identiques qui donneront des fruits identiques correspondant à la variété. Issu d'une variété différente, le pollen « voyageur » est donc de « père inconnu ». Les fleurs d'un même arbre peuvent accueillir des pollens correspondant à diverses variétés s'ils sont compatibles avec leurs ovaires.
En poursuivant la démonstration jusqu'au bout, on pourrait même dire que chacune des olives d’un arbre est différente. La différence n'intervient pas au niveau de la pulpe (chair) qui dépend uniquement de la mère mais au niveau du noyau porteur d'une moitié des chromosomes d’une mère unique et d'une autre moitié de pères parfois différents.
La technique par la méthode dite « des sacs », peu coûteuse et rigoureuse, permet de déterminer le polliniseur. Il faut emballer la branche d’un olivier lors de sa floraison dans un sac en papier sulfurisé, étanche aux pollens, et introduire une autre branche également en fleur mais d’une autre variété. Une fois l'emballage sécurisé, secouer l'ensemble pour obtenir ce qu'on pourrait appeler une insémination artificielle florale. La production de fruits ou non confirmera la compatibilité pollen-ovule des deux variétés.
Deuxième technique, le test de paternité basé sur l’ADN du noyau. Il permet de repérer les allèles (variante d'un gène) correspondant à l’ovule et ceux correspondant aux grains de pollen. Ceci ne peut être réalisé que si on a une base de données qui contient suffisamment de variétés. Les tests de paternité indiquent des pères supposés dont il faut vérifier la compatibilité sous sac. Les test de paternité sont chers. Il faut tester plusieurs fruits, une dizaine au moins, pour rechercher le père le plus fréquent avec encore une marge d'incertitude.
Conclusion: La séquence pollinisation-fécondation de l’olivier n'a pas encore livré tous ses secrets. Beaucoup d'interrogations demeurent et nous devons poursuivre nos recherches. En effet, cette période est cruciale. C’est là, dans ce très court laps de temps, qu’il faut agir pour faire progresser la production. Quand nous visitons nos oliviers en pleine floraison, ils sont couverts d’un voile blanc magnifique. Rien n’est pourtant encore gagné et beaucoup reste à faire. Tant de paramètres interviennent avant de pouvoir assister à l’heureux événement : la naissance de l’olive…
Maurice Folcher
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